
L’affacturage inversé (reverse factoring), est une solution de financement à court terme généralement destinée aux fournisseurs d’un grand client.
Par l’intermédiaire d’un « factor », le fournisseur (par exemple une PME) à la possibilité d’obtenir le paiement de ses factures avant l’échéance prévue (60 jours maximum selon la loi LME), grâce à un « bon à payer » émis par le client.
Le financement est alors viré dans un délai très court. Le factor (banque ou société d’affacturage) perçoit un escompte à l'occasion de cette opération.
Logique et utilisation de l’affacturage inversé
L'affacturage est une méthode de financement et de recouvrement de créances consistant à confier à un organisme tiers (un établissement de crédit spécialisé) la gestion de ses créances afin d'en obtenir un remboursement anticipé.
Bon à savoir : selon une enquête de la Banque de France (2014), le marché de l’affacturage français occupait le 2e rang européen en 2014 avec une part de marché de 15,2 % contre 14,8 % en 2013. L’affacturage inversé représentait environ 5% de cet ensemble.
En pratique, la mise en place de l'affacturage inversé passe par la signature d’un contrat d’affacturage entre le fournisseur et la société d’affacturage (factor).
Le fournisseur effectue sa prestation et facture aux conditions habituelles. Après vérifications usuelles, le client valide la facture comme « bonne à payer » auprès du factor.
Le fournisseur, par exemple un équipementier travaillant pour une firme qui fabrique des automobiles, a accès à la liste des factures payables sur un site internet dédié mis à sa disposition par son factor.
Dès qu’une facture est finançable, il peut demander son paiement anticipé, après déduction de l’escompte pour paiement.
Bon à savoir : un fournisseur peut réaliser une économie, si le taux de l’escompte est inférieur au taux auquel il se finance ou s’il obtient un financement plus important qu’avec un contrat d’affacturage usuel.
Le factor reverse l’escompte obtenu à l’entreprise cliente qui le rémunère en retour.
Bon à savoir : pour le factor, le reverse factoring permet de concentrer le risque sur un seul client « robuste » plutôt que sur de multiples fournisseurs, comme c’est le cas avec l’affacturage classique.
Avantages de l’affacturage inversé pour les fournisseurs
Le ou les fournisseurs ont la garantie d’être payés au comptant après livraison de leurs marchandises et améliorent leur trésorerie.
Bon à savoir : les contrats de reverse factoring contiennent généralement des clauses prévoyant l’absence de recours du factor contre le ou les fournisseurs en cas d’insolvabilité du client.
Pour les fournisseurs, ce mode de financement à court terme est moins coûteux que l'affacturage traditionnel, car la rémunération du risque pèse uniquement sur l’entreprise cliente (et pas sur le fournisseur).
Par ailleurs, le transfert de la quasi-totalité des risques et avantages associés aux créances permet leur déconsolidation, le fournisseur conservant sa capacité d’endettement ultérieur.
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Affacturage inversé : avantages pour le client
Pour le client, le principal avantage de l’affacturage inversé est de sécuriser sa chaîne d’approvisionnement et de fidéliser ses fournisseurs stratégiques.
Le reverse factoring l’aide aussi à comprimer ses coûts de gestion en fiabilisant ses processus de validation des factures fournisseurs avec la mise en place de cette méthode.
Il conserve ses délais de paiement initiaux. Après accord avec le factor, ceux-ci peuvent même être supérieurs à ceux proposés initialement aux fournisseurs. En négociant de meilleures conditions de paiement, le client diminue aussi son besoin en fonds de roulement.
Essor de l’affacturage inversé
La loi LME, adoptée en août 2008, impose un plafond légal de paiement et renforce les sanctions en cas de retard de paiement. Sans que l’affacturage inversé soit cité, son utilisation répond aux objectifs fixés par ces textes.
En juin 2015, dans le cadre de la réduction des délais de paiement inter-entreprises, les pouvoirs publics ont insisté sur l’utilité de cette technique dans le cadre des discussions entre fournisseurs, clients et sociétés de financement.
L'article 106 de la loi Pacte n° 2019-486 du 22 mai 2019 définit et encadre le recours à l’affacturage inversé dans le cadre de marchés publics. Les acheteurs peuvent donc, avec l'accord du fournisseur, demander à un établissement de crédit, une société de financement ou un fonds d'investissement alternatif, d'assurer le paiement anticipé de certaines de ses factures. Cette réforme a pour objectif de permettre un paiement plus rapide des entreprises titulaires d’un marché.